Ecriture

L’odeur, ce sens qui éveille la mémoire

L’odeur… Un sens qui pour moi éveille la mémoire et fait ressurgir diverses émotions du passé. Pour autant, l’odeur est aussi la marque du présent, et d’une présence. Me voici de retour sur mon chemin de l’écriture créative. 

Quelle émotion d’être à nouveau dans l’écriture après plusieurs mois d’absence, pour ne pas dire depuis presque deux années. Gloups ! 

Encens et lueur de bougies

Petit retour en arrière

J’ai le coeur vibrant de me retrouver face aux lettres, aux mots… Je suis dans un cadre entièrement différent* et malgré le fait que je suis confortablement installée sur une terrasse ouverte, que j’ai la nature face à moi, des arbres verdoyants et une belle montagne surplombée par les nuages, le chant des oiseaux, le crissement des insectes, ça me fait ruisseler une petite larme de ne plus être sur ma tranquille terrasse de Tanger en compagnie de ma petite chatte Skikda, de ne plus admirer le ballet des hirondelles virevolter au-dessus de ma tête, de ne plus entendre le chant des perroquets perchés sur le balcon du voisin… Cet environnement calme et paisible du matin où j’ai initié cette aventure sur l’écriture. J’ai adoré ces moments. Mais j’apprécierai aussi sans aucun doute les moments futurs où j’écrirai ici, dans ce nouveau décor. Un milieu magnifique que j’avoue, je n’ai pas encore réussi à apprécier à sa juste valeur. Mais cela viendra, moment après moment. 

L’odeur, thème d’écriture créative

Aujourd’hui, vous l’aurez compris, mon exercice d’écriture porte sur le sens de l’odorat. Dans le carnet de route de Faly Stachak** sur l’odeur, quoi de mieux comme référence que le superbe livre de Patrick Süskind, Le Parfum, pour évoquer l’odeur. Hummm, j’ai adoré ce livre que j’ai eu plaisir à feuilleter de nombreuses fois. Un véritable voyage olfactif ! 

Je vous retranscris ici l’extrait pour vous en faire profiter.
« Là, il s’arrêta, reprit ses esprits et flaira. Il l’avait. Il le tenait. Comme un ruban, le parfum s’étirait le long de la rue de Seine, net et impossible à confondre, mais toujours aussi délicat et aussi subtil. […] Ce parfum avait de la fraîcheur ; mais pas la fraîcheur des limettes ou des oranges, pas la fraîcheur de la myrrhe ou de la feuille de cannelle ou de la menthe crépue ou des bouleaux ou du camphre ou des aiguilles de pin, ni celle d’une pluie de mai, d’un vent de gel ou d’une eau de source… Et il avait en même temps de la chaleur ; mais pas comme la bergamote, le cyprès ou le musc, pas comme le jasmin ou le narcisse, pas comme le bois de rose et pas comme l’iris… Ce parfum avait un mélange des deux. » Patrick Süskind, Le Parfum, Fayard, 1986, p.53.

Maintenant, à mon tour ! Top chrono

L’odeur du pin – celle d’une blessure

Pendant longtemps, l’odeur de pin avait marqué son esprit et son sens de l’odorat. C’était l’odeur qu’elle avait retenue lors des funérailles de sa mère aimée. Elle lui évoquait sa présence, mais aussi une profonde tristesse liée à son absence. Une absence physique qui sera désormais permanente. Cette senteur résineuse et boisée, d’habitude plutôt agréable, est devenue signification de mort. Elle n’en était pas pour autant dégoûtée. Un paradoxe, me direz-vous. Peut-être que tout simplement la mort n’est que le prolongement de la vie, et avec le temps, elle a fini par le comprendre.  

Puis petit à petit, au fil des ans, l’odeur s’est estompée de sa mémoire olfactive. La douleur et la tristesse sont devenues plus légères, plus acceptables. Pour autant, bien entendu, le souvenir de sa mère reste ancré dans sa mémoire et dans sa chair. 
Aujourd’hui, que lui reste-t-il ? … Il lui reste non pas une odeur, mais un sourire. Le doux sourire de sa tendre mère qui n’a eu de cesse d’être courageuse sur de nombreux aspects de sa vie. Un bel héritage qui vaut toutes les odeurs du monde. 

Mon impression sur cet exercice d’écriture créative

Intuitivement, lorsque j’ai vu le thème à traiter dans cet exercice, cette odeur de pin et la mémoire de ma mère se sont imposées à moi. Alors pourquoi pas ? … Dans l’écriture, il y a toujours et forcément quelque chose de nous, de notre propre vécu, qui transparaissent. J’ai simplement mis le conteur à la troisième personne pour m’en détacher un peu. 

Et pour vous, quand on vous parle d’odeur, cela vous évoque-t-il quelque chose de particulier ? 

* Ce cadre différent est l’île de La Réunion où je vis depuis juillet 2020
** Faly Stachak – « Un plaisir à la portée de tous.350 techniques d’écriture créative » – Editions Eyrolles

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